T'as rien écrit, cette fois...?

"Bah non", ai-je répondu, un peu "chose", il y a quelques jours, à ma fidèle amie d'enfance qui me fait l'amitié de me lire, du creux splendide de sa Bourgogne...

Pas écrit, parce qu'à quoi bon, parce que quand c'est trop, c'est vraiment trop.

Parce qu'une adorable famille amie, parents et deux ados, a été dans l'oeil du cyclone, à Nice, en cette nuit du 14 juillet dernier, nous envoyant un premier sms "on est en vie", que je n'ai pas tout de suite compris, la croyant ailleurs, puis nous donnant hâtivement et succintement, dans les heures suivantes, quelques détails, tellement secoués et hébétés tous les quatre, par l'horreur vue, par l'horreur vécue.

Et que ça m'a littéralement vitrifié le clavier, tant y recourir me semblait si dérisoire, pour ne pas dire obscène.

Pas écrit, non plus, parce que tout de suite m'ont envahie, tout autant que l'hébétude fatiguée, un écoeurement, un dégoût, un mépris mêlé de colère, dès que les hommes politiques de notre pays, ont ouvert la bouche.

Parce que ça a tout de suite empesté le fétide...

Et tout particulièrement l'haleine de cet ancien édile de la ville martyre, promu président de région, dont la veulerie, la lâcheté, le défaussement à lancer la polémique et la suspicion sur d'éventuels graves manquements nationaux à la sécurité, n'ont eu d'égal que son triste appétit à s'engouffrer dans la future course aux rendez-vous politiques nationaux qui nous attendent au tournant dans peu de temps!

Bien sûr qu'il faut, qu'il faudra mettre "ça" au clair, et de toute urgence, les éventuelles légéretés , les manques, les possibles graves insuffisances, mais cet homme, ses pairs et ses pendants, "en face", m'ont semblé tellement pathétiques, tellement pitoyables... Tellement minables, en fait.

Dans une région au terreau si propice et si nourrie des idées extrémistes les plus nauséabondes, et depuis des décennies, ça ne pouvait qu'autoriser sans vergogne, ces débordements de colère et de paroles très inquiétantes, éructées au coin de la rue, dans les micros que leur ont tendu, bien trop complaisamment, les TV et radios les plus variées, même les plus honorables! Ah!! De la mayonnaise à faire monter, quel pied!

Oui, je sais, je sais, et la liberté d'expression? hein? Ils existent aussi, ces gens qui "pensent comme ça"...

Alors hier, voilà qu'à Saint Etienne du Rouvray...Et qu'en Allemagne, entre temps...

Les seules larmes versées, cette fois-i, fugitives et rares, c'est justement hier soir qu'elles me sont montées aux yeux, en regardant, à la télé, la religieuse de St-Etienne, qui avait pu s'enfuir, quitter l'église et donner l'alerte; cheveux blancs et toute ronde, dans les bras de sa voisine de palier qui lui faisait de gros bisous affectueux de réconfort, des bisous comme on peut en faire à sa vieille tatie : la "bisouteuse" quasi filiale, une jolie jeune femme maghrébine ou d'origine, au sourire doux et déterminé et qui, émue aux larmes elle aussi, disait qu'elles s'aimaient bien, depuis toujours et que plus que jamais elles seraient proches et solidaires.

Oui, ça, ça m' émue aux larmes.

Ce matin, à la radio, sûrement pas par hasard, entendu Brassens: "Mourir pour des idées"....Je mets le lien en partage, ça m'a fait du bien, de ré-entendre cette chanson qui avait pourtant un peu défrisé ma jeunesse fervente d'engagement, à l'époque. 

Pourtant, à l'écouter, cette chanson, je crois bien qu'elle ne "colle" pas vraiment à ce qui "anime"( anima= âme...?) la majorité de ceux et celles qu'on continue à vouloir faire des "fous de Dieu". On est passé à bien autre chose qu'une certaine volonté de noblesse de la part de "vrais" fanatiques de Dieu ou de toute autre cause politique ou sociale.

https://www.youtube.com/watch?v=p-ZI28nbSDQ

Là, on les chercherait vainement, les "idées"...Et je crois bien qu'ils n'ont pas tort, les penseurs et spécialistes du sujet qui suggèrent que ces derniers attentats, ceux qui "tirent dans le tas" des anonymes un soir de fête, sans plus aucune "distinction" (!...) sont plutôt le fait des tristes sires très très lambda, des pauvres mecs si ordinaires, si peu "animés", justement, mais si affamés de gloire médiatique, qu'il faudrait peut-être bien envisager de ne pas tomber dans leur panneau et ne plus jamais les citer nommément, pas plus que raconter leur histoire, une fois leur basse besogne accomplie.

Cesser de leur offrir sur un plateau, et quel plateau, cette gloriole assassine qu'ils recherchent, faute de n'avoir pas d'autre talent.