Ce fut un bel automne, malgré tout!

La Syrie exangue et abandonnée,

La triste commémoration du 13 nvembre de l'an dernier, qui a remué tant de chagrins de toutes façons pas taris,

Des élections américanines au résultat tout aussi ubuesque qu'inquiétant et de bien mauvais présage.

Nos primaires à nous, enfin, celles des auto-proclamés "Républicains", avec l'avènement triomphal d' idées vieilles comme Mathusalem mais qu'on essaie de nous faire passer pour du flambant neuf,

Notre gouvernement aux abonnés absents sur  tant de sujets et un quinquennat qui s'achève en capilotade,

Un climat montant de haine et de suspicion sur toute une partie de nos concitoyens, dont même certains de mes amis, poutant pas idiots et fermés, mais qui se mettent à soupçonner une Kalachnikov sous chaque voile croisé...

En colère, moi?! Oui! Et consternée, tellement consternée.

Voilà pourquoi j'ai d'autant plus savouré quelques beaux et bons moments de cet automne, malgré tout!

Par exemple ce petit instant fugace mais précieux de début octobre, gravé en ma mémoire: un lundi après-midi, cinoche à Ivry, dans un grand complexe comme on les connait bien. Bien qu'on ne  les fréquente guère. C'est notre première sortie de nouveaux  retraités et elle a un goût de plaisir volé, voire défendu: un loisir à deux, en semaine, alors que l'on n'est pas en vacances, et que les autres turbinent, c'est insolite, faut se rôder! et l'on jubile comme des gamins qui font l'école buissonnière!

Après la séance, au sortir du "pipi-room", un peu en retrait et dans une sorte de pénombre, je crois voir un pilier s'animer ...Et je comprends aussi vite ( je sens un petit rire monter en moi en raison de ma confusion) qu'il s'agit d'une jeune femme, toute habillée et voilée de noir. Seul son visage est à découvert. Et je me souviens de l'avoir vue entrer dans la salle avec son compagnon, avant le début du film. Elle l'attend  sûrement, et nos yeux se croisent. Est-ce que je me fais du cinéma ou est-ce la vérité, mais pour une fraction de seconde, seconde, je la sens sur la défensive, en attente d'un regard dans lequel transparaitrait peut-être, une fois de plus, méfiance, opprobe, jugement négatif, peut-être pire.

Moi, encore amusée de ma confusion, je lui souris. Et alors!?  Alors, je reçois à mon tour, après juste une autre fraction de seconde d'hésitation, un merveilleux sourire, franc, amical, généreux et...je rêve ou quoi, mais...oui, il y a dans notre échange fugace, quelque chose de complice, de fraternel et comme une gratitude mutuelle: celle de ne pas avoir cédé aux clichés, aux a-priori, celle d'avoir résisté à la facilité.

Et d'avoir surmonté nos différences.

De temps en temps, ce moment me revient en mémoire, et je m'en nourris, toujours aussi émue, oui, émue. Je m'interroge toujours autant sur ce qui a poussé ces jeunes femmes à se revêtir ainsi, j'ai toujours bien du mal à "m'y faire", en tant que femme, féministe et laïque...Mais j'ai décidé depuis de nombreux mois, depuis que je sens monter aussi l'ostracisme et la méfiance injuste envers TOUS les musulmans, de pratiquer le plus souvent possible cette bienveillance et l'ouverture. Ce n'est pas grand chose mais est-ce qu'on ne rejoint pas ainsi la parole évangélique :

"Tout ce que vous ferez au plus petit d'entre vous, c'est à moi que vous le ferez" ?

Et comme j'ai un côté mystique ( si si!) et que j'ai un peu pratiqué le tantrisme dans mon jeune temps, je crois profondément à l'effet boule de neige, ou papillon, ou vibations ou ronds dans l'eau, appelons-le comme on veut: ce qui se fait de positif dans un petit coin de la planète, se répercute, et se réverbère  et gagne peu à peu le monde...Et si tous, nous multipliions les petits gestes ordinaires et quotidiens pour faire bouger les choses? 

Franchement, ça ne coûte guère. En tous cas nettement moins qu'une énième conférence internationale au sommet!

Il y a eu cette fête familiale et amicale, autour de mon homme, pour célébrer son entrée en soixantaine, mais avant tout pour le célébrer lui. Amis, famille, fratrie , venus parfois de loin, juste en aller et retour, mais qui ont répondu présents sans barguigner et ont apporté bonne humeur et affection en partage, grâce à de bons vieux copains ouvrant tout grand leur grande maison pour l'occasion: qu'il est doux de pouvoir rendre grâce pour de tels instants!

Ci-dessus, le héros de la soirée et ses filles chéries

Et ci-contre, les petites étiquettes à verres frétillent d'impatience en attendant  les invités

Ci-dessous, l' hommage au héros, avec une interprétation " à fond la caisse"d'un chef-doeuvre de Bobby Lapointe auquel il a biberonné ses filles!

 Et puis enfin cet automne aux couleurs flamboyantes en Île De France, et qui a enchanté nos promenades, ces arbres roux, mordorés, ou d'un rouge feu! Cette luminosité douce et cristalline sous un soleil rasant, donnant aux paysages, aux jardins parisiens, aux forêts domaniales de notre Val de Marne, des reliefs contrastés éblouissanst et tendres: de la beauté, de la douceur, de quoi enfin, enfin, s'émerveiller envers et contre tout!

J'avais envie de partager cela encore une fois, et je vous emmène en promenade dans un petit album photo , "un bel automne parisien": domaine des Marmousets, adorables sentes champêtres de Sucy ( enfin arpentées, après quinze ans de vie dans cette commune et sur le point de la quitter!), jardin de Bercy près de la cour St -Emilion, à Paris 12 eme ( j'adore ce parc que je recommande chaudement) Allez, bonne balade!

Décidément ce fut un bel automne, malgré tout.

Comments

[sand]

Merci pour ce post aux couleurs chaudes de l'automne, porteur d'espoir une d'une très grande tendresse, comme à ton habitude.

Je vous embrasse tous les deux.

Sandrine